Le festival Breizh Touch démarrait jeudi à Paris. Il s'agit, en quelques sortes, du grand rendez-vous culturel breton de l'année. Alors pourquoi avoir décidé de faire ça à Paris ?
Certains trouvent ça très bien, d'autres un peu moins. Une chose est sûre, voilà un festival qui fait causer.
Cette année, l'événement culturel breton se déroule... à Paris ! Oui, oui, cela peut paraître surprenant mais il y a quelques explications à ça.
La
Breizh Touch (c'est le nom du festival) s'exporte en effet en capitale française avec, pour but, de promouvoir la culture bretonne. Vaste chantier.
« Et puis à Paris, il y a beaucoup de Bretons », nous explique Sylvie Robert, adjointe à la culture au Conseil régional et à la Ville de Rennes.
Il n'empêche, cela ressemble tout de même à une vaste opération de communication. Ce dont ne se cache pas le Conseil régional.
« Nous voulons montrer une Bretagne innovante, à la fois fidèle à son identité et créative ». D'autant que cela devrait faire un bien fou à l'économie bretonne.
« C'est une façon de promouvoir les atouts de la région, montrer que certaines entreprises sont à la pointe de l'innovation ». "Présenter un autre aspect que les musiques celtes" Au-delà du domaine économique, c'est également l'univers culturel breton qui sera mis en avant.
« On est contents d'aller à Paris parce que, pour nous, c'est important de sortir de la Bretagne où on est pas mal cloisonnés », raconte Cédric, chanteur briochin expatrié à Rennes et leader du groupe Lugo.
« Il y aura pas mal de professionnels de la musique, des médias, qui vont venir nous voir, mais on ne se sent pas porteurs d'un message pour la musique bretonne ». Seront aussi présents les éternels Alan Stivell et Dan ar Braz.
L'originalité du festival réside aussi dans le fait que huit grands festivals bretons ont allié leurs efforts pour monter une série de représentations à Paris. Parmi eux, le festival rennais
Les Tombées de la nuit,
Les Vieilles Charrues et le
Festival du Bout du monde notamment.
« Pour nous, c'était l'occasion de montrer qu'on ne se tire pas la bourre en permanence. Et puis, c'est important de présenter un autre aspect que les musiques celtiques et les parades de bagadou »,estime Claude Guinard, programmateur des Tombées de la nuit.
Dommage néanmoins que le public breton ne puisse pas profiter de la fête, non ?
«Les Bretons, ils profitent toute l'année de nos prises de risques artistiques. Là, il y a une visibilité pour la région dans la capitale ». Il n'empêche. Un festival breton sans les Bretons, ça n'est pas du goût de tout le monde. Certains auraient même préféré voir cet événement se dérouler en Bretagne et, pourquoi pas, à Rennes.
« Une manifestation comme ça ici ? Pourquoi pas. », estime Fanch Oger, porte-parole du mouvement indépendantiste Emgann.
« Beaucoup de Bretons n'ont déjà pas le réflexe d'acheter local, ne connaissent pas la langue bretonne ».
Le choix de Paris est également contesté par Askol, l'association d'élus bretons.
« Est-ce que Paris est ce qu'il y a de plus pertinent ? On a un déficit touristique et on ne fait aucune communication à l'étranger. C'est pourtant là-bas qu'il faut être. A Londres ou à Cardiff par exemple, pas à Paris ». Le budget en questions D'autres petits points négatifs sont mis en avant. L'association culturelle Skeudenn pointe notamment
« l'absence de la langue bretonne. Un des éléments fondamentaux de la culture bretonne est la langue ! ». Le budget, aussi, est fréquemment remis en questions. Selon le Conseil régional, il s'élève à trois millions d'euros.
« C'est beaucoup d'argent pour des objectifs qui ne sont pas clairs », peste-t-on du côté d'Askol.
« Combien de livres auraient pu être édités, combien de CD ? Et combien de classes comme Guichen auraient pu ouvrir ? », s'interroge-t-on aussi du côté d'Emgann.
On l'aura compris, tous ces gens ont une haute idée de leur région, mais ne sont pas d'accords sur la manière de la promouvoir. Et le mot de la fin, c'est bien Cédric, de Lugo, qui le donne :
« On est fiers d'être Bretons, parce que c'est une région qui donne l'opportunité de faire des choses, qui laisse vivre la musique. Si on avait été Parisiens, on ne serait sûrement pas musiciens aujourd'hui ».
source : http://www.rennes-infhonet.fr/article-culture-499-le-festival-parisien-qui-dechire-les-bretons.html