Kant, ou le moralisme incarné

La philosophie de Kant, ou kantisme, ou encore criticisme, se divise en trois parties correspondant à trois oeuvres.

La première partie est la théorie de la connaissance, expliquée dans la Critique de la raison pure.
Ce livre est fondateur, et j'aime beaucoup la méthode transcendantale, le cogito transcendantal, les distinctions phénomènes/choses en soi etc.

La deuxième est la morale, expliquée dans la Critique de la raison pratique.
Là, patatras : pour moi c'est une régression. Kant veut figer une morale dans l'universalité et l'éternité, et la morale se transforme en outil tyrannique. Il réintroduit également des conceptions métaphysiques dont il s'était débarrassé dans la Critique de la raison pure. Kant était-il pervers?

La troisième est l'esthétique, dans la Critique de la faculté de juger. Pas grand chose à se mettre sous la dent; l'harmonie des facultés c'est un peu abstrait. On appréciera tout de même l'analytique du sublime, qui est passionnante; beaucoup plus que l'analytique du beau en tout cas et que la résolution de l'antinomie. L'intersubjectivité est également intéressante, et sera reprise par la philosophie contemporaine.

A cela s'ajoute ses opuscules, textes politiques, moraux, épistémologiques, une géographie aussi, et la fameuse Anthropologie.

Je maitrise mieux la philosophie nietzchéenne que la philosophie kantienne, mais je crois en savoir suffisamment pour pouvoir discuter correctement des notions dévellopées par ce cher Kant!

La seule chose que je lui reproche, c'est de galvauder le terme "critique" dans le sens qu'il ne va pas assez loin dans l'esprit critique...

Je suis plus hégelienne que kantienne mais cetaines de ses critiques, je pense notamment à celle de la Faculté de juger, sont des indispensables propédeutiques...

Perso je suis plutôt "l'équipe".

Anarchie a écrit:

Je maitrise mieux la philosophie nietzchéenne que la philosophie kantienne, mais je crois en savoir suffisamment pour pouvoir discuter correctement des notions dévellopées par ce cher Kant!

La seule chose que je lui reproche, c'est de galvauder le terme "critique" dans le sens qu'il ne va pas assez loin dans l'esprit critique...

Pourtant la philosophie de Kant est très critique, peut-être même autant ou plus que celle de Nietzsche.
Sa philosophie de la connaissance ne laisse aucune chance aux métaphysiciens. On pourra lui objecter sa morale trop rigoureuse; mais de ce côté-là je pense que Kant est le philosophe qui a poussé le plus en avant les idées morales, au point d'arriver à la perfection : Kant est l'adversaire privilégié de Nietzsche en morale. Si aucune philosophe n'avait formulé la morale aussi bien que Kant, on aurait jamais pu passer à l'étape suivante, représentée par les penseurs moraux du XXè que sont Hannah Arendt, Jankélévitch, Levinas... et qui a subi Nietzsche et Marx entretemps.

La critique de la faculté de juger est un livre assez bizarre, au final; mais d'une grande richesse conceptuelle.
Je pense qu'Hegel a été à rebours de Kant dans la philosophie, même si j'admire son introduction de l'historicité dans la philosophie. Kant détruisait la systématicité, la métaphysique; Hegel les réintroduit, et de manière totalisante ou... totalitaire; puisqu'il fait de l'homme une simple marionnette de l'Esprit.
Bergson apporte ensuite la psychologie en philosophie de la connaissance; et le combat contre Kant fut rude; de nos jours on appréciera Karl Popper ou Thomas Kuhn, à moins d'être positiviste et de leur préférer le cercle de Vienne.