Révélation de secrets nucléaires

Au moment où la botte nazie écrasait l’Europe, des travaux sur la fission nucléaire réalisés à Londres par des physiciens français étaient mis sous scellés. La Grande-Bretagne a décacheté les plis cette année.



Selon le contenu de plis cachetés datés de 1940 et 1941, récemment rendus publics par la Royal Society britannique, les physiciens français, Hans von Halban et Lew Kowarski, étaient sur la voie de la domestication de l'énergie nucléaire, plus d’un an avant la réalisation, par le physicien Enrico Fermi, du premier réacteur aux Etats-Unis.

L'annonce coïncide avec le soixante-quinzième anniversaire de la découverte du neutron par James Chadwick, directeur du laboratoire anglais qui avait accueilli les deux Français au printemps 1940. Le neutron est une particule clef dans les processus de fission puisqu'il casse les noyaux et entretient les réactions en chaîne.

Cependant ce rôle majeur de ces collaborateurs de Frédéric Joliot-Curie à Paris était déjà connu. L'historien, André Bendjebbar, dans son livre Histoire secrète de la bombe atomique (Le Cherche-Midi, 2000), rappelle par exemple que Frédéric Joliot-Curie, Halban et Kowarski avaient réalisé une réaction en chaîne dés le début de 1939 dans leur laboratoire parisien de l'Ecole Supérieure de Physique et Chimie industrielle de la Ville de Paris. Ils avaient surtout déposé trois brevets, deux pour la production d'énergie et un pour les bombes atomiques. Le CNRS de l'époque avait même songé créer une filiale pour exploiter l'énergie nucléaire !

Devant l'avancée des troupes du Troisième Reich, les chercheurs partent pour Clermont-Ferrand, puis s'embarquent en juin 1940, pour l'Angleterre vers le laboratoire de Chadwick où ils poursuivirent leurs travaux, qui furent donc mis sous scellés. Sur l'un de ces articles, James Chadwick avait indiqué : "ce texte est tel qu'il n'est pas opportun de le publier en ce moment". Après la guerre, Kowarski rejoignit le programme nucléaire français et dirigea le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA) tandis qu'Halban resta auprès des britanniques pour développer leur projet de réacteur avec les canadiens.

David Larousserie
Sciences et Avenir.com
(14/06/07)

Dit donc, ils ont des noms bien français !!! Il est également étonnant qu'ils n'aient pas rejoind les autres.