Les super profits des entreprises publiques
Avec France Inter, la chronique de Bernard Maris, journaliste et écrivain. Les entreprises publiques engrangent des profits et distribuent des dividendes. Dès lors, on se demande pourquoi les privatiser.
En 2007 l'Etat percevra 3.9 milliards d'euros de dividendes des entreprises dans lesquels il détient une participation. Il détient une participation dans 845 entreprises, pour un montant total d'environ 500 milliards d'euros, participations qui sont gérées par l'APE, l'Agence des participations de l'Etat, dont on a beaucoup parlé à propos de l'affaire EADS. L'APE vient de publier ces chiffres dans son dernier rapport. Elle note que l'Etat s'est beaucoup désengagé depuis 2002 (il était copropriétaire en 2002 de 1600 entreprises, le double d'aujourd'hui). Par ailleurs ce sont les mastodontes publics qui vont bien : EDF, GDF, Areva, Charbonnages de France, Sncf. Le chiffre d'affaires est en hausse, une bonne hausse moyenne de 11% par an.
En 2006 l'Etat a privatisé les sociétés d'autoroutes ASF, APRR et Sanef, pour quelques 16 milliards d'euros. Au total depuis 1986, depuis l'année où on avait créé un ministère de l'économie, des finances et de la privatisation, occupé par Monsieur Balladur, l'Etat a privatisé pour 99 milliards d'euros. Ce qui est considérable !
La question est de savoir où est allé tout cet argent. Par exemple, pourquoi privatiser les autoroutes ? Elles rapportaient beaucoup d'argent, elles étaient amorties, leurs recettes devaient aller au ferroutage. Pourquoi, diable, privatiser ? Parce que les entreprises privées sont mieux gérées, dit-on… Pas sûr. La preuve, les entreprises publiques font des profits.
Il faut cependant admettre que l'argent n'a pas été mal utilisé. Vous savez que l'on avait reproché à Madame Thatcher de vendre « la vaisselle pour payer les domestiques » En l'occurrence l'Etat français ne commet pas cette faute financière. Avec cet argent il a recapitalisé les entreprises publiques à hauteur environ de 75% et il a désendetté l'Etat lui-même, à hauteur de 25%. Autrement dit il a substitué du capital à du capital ce qui est une opération parfaitement saine. Une opération malsaine eût été de substituer du revenu à du capital, par exemple utiliser les recettes des privatisations pour payer des fonctionnaires, ce qui n'a pas été fait pour l'instant.