PARIS (AFP) - Nicolas Sarkozy a confirmé mardi à Rennes sa volonté de réformer les régimes spéciaux de retraites, en jugeant la situation actuelle "indigne", en pleine grogne des syndicats qui menacent d'un "conflit majeur" en cas de "passage en force".
Au passage, il a donné une petite leçon de méthode au Premier ministre François Fillon qui, dimanche, avait annoncé - à la surprise générale - que la réforme des régimes spéciaux était prête et n'attendait que le "signal" du chef de l'Etat.
Mardi devant un parterre d'agriculteurs, M. Sarkozy a confirmé qu'il "dirait ce qu'il pense" des régimes spéciaux le 18 septembre, lors d'un discours devant les journalistes d'information sociale.
Sur le fond, il a promis qu'il changerait la situation "indigne" des régimes spéciaux de retraites, réforme qui constituait un de ses engagements de campagne.
"La vérité, c'est qu'il existe des régimes spéciaux de retraites qui ne correspondent pas à des métiers pénibles et qu'il existe des métiers pénibles qui ne correspondent pas à un régime spécial de retraite", a-t-il dit.
Sur la forme, il a observé qu'"un peu de méthode ne nuit pas à la solution d'un problème".
Déjà dans son édition de mardi, Le Parisien/Aujourd'hui en France avait fait état de l'agacement de l'Elysée après la déclaration du Premier ministre. Le "coup d'accélération" de François Fillon a été jugé "hâtif" et "maladroit" à la présidence, selon le quotidien. "Cela a un peu grincé", confie un ministre, dont le nom n'est pas précisé.
Interrogé sur ce point, Matignon ne faisait mardi matin aucun commentaire.
La réforme des régimes spéciaux comme l'avenir de la fonction publique constituent le premier grand test social du président.
Nicolas Sarkozy devait s'exprimer sur le deuxième dossier mercredi à Nantes et détailler les réformes qu'il entend mener dans la fonction publique, où il a pour objectif de ne pas remplacer un départ en retraite sur deux. Mais il a reporté son déplacement au 20 septembre, en invoquant "des contraintes d'agenda".
L'explication n'a pas convaincu les syndicats de fonctionnaires, exaspérés par les suppressions d'emploi et l'absence de négociations salariales.
Selon eux, "l'épisode des régimes spéciaux n'y est pas pour rien". Ainsi la CFDT a estimé que le président "peut chercher à calmer le jeu" sur une réforme qui avait paralysé le pays en 1995.
Mais, selon la FSU, il est probable que Nicolas Sarkozy n'avait pas "grand chose à dire de nouveau", en particulier sur le pouvoir d'achat.
Les salaires et les effectifs sont les principales pommes de discorde entre le gouvernement et les fonctionnaires.
Le non remplacement de 22.700 fonctionnaires partant à la retraite dans le budget 2008, annoncé fin juillet, a fortement irrité les organisations syndicales.
Leur grogne a été attisée par la malencontreuse formule de la ministre de l'Economie Christine Lagarde qui a évoqué le 2 septembre un "plan de rigueur" dans la Fonction publique.
Même si le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant puis François Fillon ont vivement démenti la ministre, les syndicats y ont vu un "aveu de franchise", selon le terme du secrétaire général de la CFDT François Chérèque.
On va voir ça
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