Anarchie Administrateur
Nombre de messages : 944 Age : 45 Localisation : 93800 - Epinay sur seine Orientation politique : Anarchisme Scientifique, littéraire ou autres : : Scientifique Date d'inscription : 20/07/2007
| Sujet: l'immigration Lun 27 Aoû 2007 - 17:21 | |
| Critique du « catalogue des idées reçues » concernant l'immigration.
L’immigration est un problème nouveau en France. Si l’on effectue une comparaison entre les recensements de 1931 et ceux fournis par le ministère de l’intérieur en 1984, les chiffres montrent qu’il y a eu en permanence un flux migratoire. La proportion est la même : entre 7 à 8% d’immigrés. Dans les années 20/30, la France est le pays à plus fort taux d’immigration.
Critique personnelle de Noiriel : Il faut comparer ce qui est comparable. Les données proviennent d’une part d’un recensement de population (1982), d’autre part des déclarations de la préfecture de police (1931). Comment ces données ont-elles été recueillies ? Quelle est la systématisation du recueil de ces données. D’autre part, entre ces deux dates, il y a un changement d’échelle non négligeable : en 1931 la France disposait d’un immense empire colonial - l’exposition coloniale de 1932 en témoignera - et en 1981, elle a perdu cet empire colonial. Où sont comptabilisé, de part et d’autre les ressortissants des anciennes colonies ? La population avant la guerre était disséminée sur l’ensemble du sol national. La population était de ce fait plus facilement assimilable. Rien ne prouve qu’une population disséminée est plus facilement assimilable. Aujourd’hui la population serait concentrée dans des zones spécifiques. Avant la seconde guerre mondiale, les stratégies de recrutement de travailleurs immigrés pour les mines du Nord-Est faisaient appel à des régions entières de Pologne. Ces immigrés étaient ensuite regroupés dans des zones à forte concentration d’immigrés : 20%des Polonais résidaient dans des communes où ils représentaient plus de 50% de la population. Il y a donc bien concentration urbaine.
Critique de Noiriel : Si rien ne prouve que la dissémination facilite l’assimilation, la concentration crée des solidarités « ethniques » qui constituent des bastions de résistance. Dans les zones à forte concentration d’immigrés, les autorités sont confrontées à la mise en place de pouvoirs parallèles, entièrement aux mains de ces groupes solidaires. Cette constitution d’un Etat dans l’Etat ne favorise ni intégration, ni assimilation, car sa raison d’être est de substituer à un modèle qui existe, un nouveau modèle.
L’immigration avant guerre était célibataire. Une immigration célibataire serait plus facilement gérable. Par le jeu du mariage l’intégration se ferait plus facilement. Avec cette affirmation le problème de la seconde génération est évacué. Si l’on veut faire appel à une population stable, il faut favoriser l’immigration familiale.
Critique de Noiriel : une immigration de célibataire pose différents problèmes, notamment ceux de la vie quotidienne des hommes seuls. Pour éviter certains problèmes de moeurs, les autorités privilégient l’installation familiale car elle préside à une plus grande stabilité. La question familiale ne se pose pas avec les familles monogames car on se trouve devant l’équation un homme + une femme = une famille. La question est différente avec la polygamie ou l’équation devient un homme + 4 femmes = une famille. On transpose alors des modes de vie totalement différents t les femmes répudiées peuvent fonder de nouveaux foyers en se remariant. Le problème n’est pas celui de la famille, mais la manière dont on peut contourner les lois concernant l’immigration.
Avant la guerre les immigrés s’intégraient dans la nation. Les mémoires publiées par certains immigrés montrent les vexations subies.
L’intégration semblait facile parce que les immigrés étaient européens. L’idée d’Europe, à quelque exception prêt, n’existait pas dans l’entre-deux-guerres. Mentionner une quelconque idée européenne constitue un anachronisme.
Les immigrés étaient catholiques. La France est un pays laïque où il y a une séparation de l’Eglise et de l’Etat. Concordat de Napoléon (1805) et loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. La France est alors un pays laïque où la classe ouvrière est fortement déchristianisée. D’autre part, le catholicisme est très diversifié. Il serait intéressant de connaître les opinions du catholicisme social (Marc Sagnier sur cette question de l’immigration).
Dans le Sud-Est l’immigration arménienne est très importante, notamment dans les années 20 après qu’ils aient été chassés de Turquie. Or les Arméniens sont orthodoxes et font partie de l’Eglise autocéphale d’Arménie. A la même période arrivent de nombreux juifs d’Europe centrale qui sont soucieux de maintenir la tradition juive.
Le catholicisme polonais a parfois été considéré comme un frein à l’intégration et à l’assimilation. Les Polonais restaient entre eux pour célébrer le culte. Le clergé était Polonais, les sermons faits en Polonais, ce qui avait pour effet d’agacer les autorités civiles qui ne pouvaient contrôler ce qui se disait. Le clergé français était favorable au regroupement des communautés polonaises qui étaient ainsi moins soumises à l’influence des syndicats laïques et marxistes.
Critique de Noiriel : Il prend ces différents éléments comme une succession de parties indépendantes, alors qu’ils font partie d’un tout : la culture. Le catholicisme, la famille constituent plus des représentation d’une culture chrétienne que l’on oppose à une culture musulmane. Pour ne pas avoir à prendre en compte le phénomène culturel dans sa globalité avec ce que cela recouvre de mode de vie, Noiriel a découpé certaines tranches de la culture pour pouvoir les soumettre aux présupposés de sa thèse.
Notons d’ailleurs que l’immigration européenne en France est une immigration essentiellement chrétienne, voire catholique et non protestante. L’immigration juive en France n’a pas été sans heurts, notamment dans l’entre-deux-guerres. La question de l’assimilation et de l’intégration des immigrés est avant tout culturelle
En fait le problème de l’immigration est mal posé. C’est celui d’un pays disposant de richesses qui cherche à préserver la qualité de vie de ses habitants en mettant en place des barrières contre la pauvreté. Les pauvres, les immigrés, n’ont de cesse de venir dans les pays riches.
Noiriel pose des questions, mais pas les bonnes. Il est encore pris dans le système de 1894 où l’on dénie toute valeur à la nation, où pendant longtemps on a dénié toute valeur à la différence ethnique et où seule comptait la différence de classe. Seule la lutte des classes était privilégiée et rien de devait entraver cette vision marxiste de la société. Or en 1984, l’Union soviétique est engagée depuis quatre ans en Afghanistan dont elle ne peut se dépêtrer ; des mouvements de dissidents font entendre leurs voix (Sakharov, Rostropovitch, etc.). A partir de 1985, Gorbatchev mènera une politique différente qui conduira en cinq ans à l’écroulement du système soviétique et du marxisme-léninisme. Il faut substituer autre chose à la lutte des classes...
| |
|